Interview de Vincenzo, journaliste à « Urban’Mag », touche à tout du Street Art et animateur du Urban’Contests 2011.

 

Urban’ Contests : Vincenzo, tu roules ta bosse dans le milieu du Street Art depuis longtemps maintenant. Comment as-tu vu évoluer ce milieu?

Vincenzo : Du tout au tout ! Cette culture est apparue dans les années 70 aux Etats-Unis et regroupait essentiellement des pratiquants des quartiers pauvres. Ils l’utilisaient comme une façon de s’exprimer personnellement  et politiquement.

Le graff’ par exemple. Les artistes ont été inlassablement poursuivis par la police pendant deux décennies et continuent à l’être d’ailleurs. Alors qu’ils exprimaient seulement le mal être de leur vie quotidienne à travers une expression artistique. Expression, qui certes, ne demandait pas l’autorisation, mais c’était avant tout un acte de rébellion face à une société dans laquelle ils avaient le sentiment de ne pas être les bienvenus.

C’est la même chose pour les rappeurs ou les breakdancers, mais leur art ne laissant pas de « trace », le grand public ne les remarquait pas jusqu'à ce que les médias les mettent en avant ! Dans un sens, merci MTV !

 

U.C : Vois-tu d’un bon œil que ce courant urbain devienne « mainstream » ? Le message est-il toujours aussi fort ?

V : C’est vrai qu’au début, j’ai eu peur. Voir toutes ces marques s’approprier notre style vestimentaire, notre façon de parler et nos codes était inquiétant. Le risque était de voir tout le discours politique et culturel sur lequel repose ce mouvement disparaître derrière l’argent et la renommée. Mais si le discours est assez fort, il trouvera toujours un moyen de passer et on peut voir que les street artists ont toujours des choses à dire.

Après, lorsqu’un mouvement prend une telle ampleur, il est logique de le voir évoluer et oui, c’est vrai, se professionnaliser. Les graffeurs exposent dans des galeries, les danseurs se produisent dans des salles de renommée mondiale et les DJ's et rappeurs vendent des millions d’albums ! D’ailleurs, le fait que vous organisiez le  « Urban’Contests » est un exemple parlant !

 

U.C : Pour toi, c’est donc une évolution logique d’un mouvement qui a le vent en poupe ?

V : Tout à fait ! Tant que l’on reste éveillé il n’y a pas de peurs à avoir.

 

U.C : Impatient d’être le maître de cérémonie du Urban’Contests ?

V : Complètement !  Comme je te disais, le mouvement évolue constamment et voir les jeunes générations se frotter aux vétérans ne peut être que spectaculaire !

Les street artists sont des gens ouverts aux autres influences.

Le DJ’ing a énormément évolué ces dernières années. Les DJ’s  savent prendre à leur compte des influences électroniques et autres, comme le regretté DJ Medhi savait le faire.

Les graffeurs quant à eux n’ont pas perdu leurs racines revendicatrices. Des artistes comme Banksy ou Shepard Fairey ont beau vendre leurs œuvres extrêmement chers, le fond de leur réflexion est toujours très politique !

Il me tarde de voir ca ! Cette journée va « envoyer du lourd » !